" Est-ce que celui qu’on aime nous aime vraiment en retour ? "
Monroy Catherine
292 pages
Éditions Pygmalion (2018)
Extrait :Camille -divorcée, deux enfants - assume et revendique son statut de femme seule et heureuse, jusqu'au moment où, à la veille de Noël, son patron, Maxence, lui fait des avances. Ne voulant pas blesser son ego, Camille s'invente un amant imaginaire. Un prince charmant virtuel taillé sur mesure qui va bouleverser sa vie comme celle de son entourage, bien au-delà de ce qu'elle aurait pu imaginer.
« Comment l'avouer, alors que tout le monde me trouve formidable, me croit si heureuse et envie mon bonheur pas si enviable que cela ? En dépit des apparences, mon existence n'a pas autant changé que je l'espérais; je suis toujours - sans doute est-ce mon karma - celle qui gère, arrange la vie des autres et qui,elle, reste sur le carreau. Sans doute dois-je l'accepter, au lieu d'aspirer à un bonheur hors de ma portée. »
Mon avis :
Avec son résumé, l’ouvrage de Catherine Monroy m’a tout de suite charmé : une maman d’âge mûr, célibataire, en charge de deux enfants qui se retrouve dans une situation rocambolesque, voilà le genre d’ouvrage qui vous promet de passer un agréable moment de lecture.
Il n’est pas toujours aisé de repousser les avances de son patron sans risquer de lui déplaire et de perdre son emploi. Surtout quand ce dernier vient de se faire plaquer par sa femme et qu’il déprime. Aussi, lui mentir en imaginant vivre une belle et torride histoire avec un amant imaginaire - plus que parfait - semble être le moyen le plus adéquat de procéder. Pour Camille, quarante-cinq ans, attachée de direction dans une grande entreprise de cosmétique et mère célibataire qui ne souhaite pas avoir d’homme dans sa vie, cette dernière solution lui permet de freiner quelque peu son employeur, mais son intérêt n’en est pas moins essoufflé. Rapidement, il revient à la charge, plus enjoué et intrépide à l’idée de la séduire. Que faire ? Camille va vite de trouver noyée sous les mensonges, et l’aide de son ami d’enfance ne lui sera pas de trop pour se sortir de l’embarras. Ce dernier ne manque d’ailleurs pas d’imagination pour rendre son amoureux fictif des plus réels.
J’ai beaucoup aimé le personnage de Camille : c’est une femme dans l’air du temps. Elle veut être libre, indépendante et assume complètement son mode de vie. On ne peut qu’admirer sa détermination à vouloir conserver sa liberté, même lorsque ses amies souhaitent son bonheur et s’inquiètent de la voir toujours seule, multipliant les commentaires sarcastiques qui en blesseraient plus d’une. Mais elle est également dépassée par l'attitude de sa fille, Anna, qui va jusqu’à simuler un faux suicide pour attirer l’attention sur elle. J’ai eu maintes fois envie de la secouer pour son comportement, les paroles qu’elle adressait à sa mère. Dans un registre très différent, son fils Théo, est la gentillesse incarnée, le genre de petit garçon qu’on a envie de dorloter. La plume de l’auteure est juste parfaite et l’humour est savamment dosé tout au long du récit. Elle parvient à nous dresser un portrait caustique des relations entre femmes et de la société qui décrète qu’une femme ne doit pas rester seule. Comme-ci vouloir s’assumer seule était contre-nature. Une intrigue légère et surprenante dont il est difficile de décrocher une fois commencée.
Le prince charmant existe… je l’ai inventé est un récit léger et agréable à découvrir pour bien commencer l’été. Une lecture qui conviendra à un large public féminin, que vous soyez trentenaire ou sexagénaire, mère de famille ou employée modèle débordée.
★★★☆☆
Stéphanie
Catherine Monroy a été correspondante du Figaro à Budapest, du Monde à Prague, journaliste télé au Nouvel Observateur, pigiste pour Elle. Elle est scénariste pour la télévision et habite Paris XV.
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