"Ainsi ma vie se résumait à cela, à des rêves constamment brisés."
Meissirel Marie-Diane
173 pages
Éditions Daphnis et Chloé (2016)
Collection roman
Extrait :Emma est française, expatriée en Croatie, elle y conseille le ministère de la justice. Dunja est croate. À soixante ans, elle aimerait prendre sa retraite mais doit travailler pour gagner sa vie et entretenir son fils musicien. Les deux femmes ont un lien : le bébé d’Emma, Bruno, dont Dunja est la nourrice. Alors qu’Emma s’absente souvent pour son travail, Dunja et Bruno fusionnent et l’amour de Dunja pour l’enfant ne cesse de grandir. Le quotidien de ces trois personnages n’est pas parfait, mais ils ont trouvé un certain équilibre. Jusqu’au jour où Emma, rentrant de voyage, apprend que son appartement a été cambriolé et que Bruno et Dunja ont disparu. Ces deux événements pourraient-ils être liés au passé d’Emma qui a longtemps travaillé sur les questions de crimes de guerre dans la région ? Qu’est-il arrivé à Bruno et Dunja? Emma arrivera-t-elle à les retrouver à temps ?
« Ce choix de garder mon bébé, je l’ai fait seule et je l’assume seule…
Enfin, c’est ce que je pensais avant de réaliser que j’en étais incapable. J’ai volontairement laissé la place à Dunja, elle remplit si bien mes vides de tendresse, de patience et de gaieté, et peut-être même d’amour.
C’est moi qui ai laissé partir Bruno, je l’ai laissé glisser loin, très loin. Ne plus entendre ses pleurs, ne plus voir ses colères, ne plus être responsable, je l’ai tant souhaité ! Des mois que je m’enfonce ce clou de culpabilité dans le cœur et que je guette un sursaut d’instinct maternel. Comment la maternité peut-elle être si cruelle? Comment un enfant peut-il devenir le miroir d’une face obscure et insoupçonnée? Comment donner la vie peut-il rendre si égoïste et pessimiste, transformer au point de ne plus se reconnaître? À qui appartiennent cette voix qui crie sur un si petit enfant, ces lèvres qui craignent de l’embrasser, ces mains qui n’arrivent pas à le câliner et ce regard qui ne s'émerveille plus de ses sourires? »
Enfin, c’est ce que je pensais avant de réaliser que j’en étais incapable. J’ai volontairement laissé la place à Dunja, elle remplit si bien mes vides de tendresse, de patience et de gaieté, et peut-être même d’amour.
C’est moi qui ai laissé partir Bruno, je l’ai laissé glisser loin, très loin. Ne plus entendre ses pleurs, ne plus voir ses colères, ne plus être responsable, je l’ai tant souhaité ! Des mois que je m’enfonce ce clou de culpabilité dans le cœur et que je guette un sursaut d’instinct maternel. Comment la maternité peut-elle être si cruelle? Comment un enfant peut-il devenir le miroir d’une face obscure et insoupçonnée? Comment donner la vie peut-il rendre si égoïste et pessimiste, transformer au point de ne plus se reconnaître? À qui appartiennent cette voix qui crie sur un si petit enfant, ces lèvres qui craignent de l’embrasser, ces mains qui n’arrivent pas à le câliner et ce regard qui ne s'émerveille plus de ses sourires? »
Mon avis :
Emma, qui a longtemps vécu dans les Balkans, est maman d’un petit garçon de quelques mois qu’elle élève en Croatie. Elle a pourtant choisi de se consacrer exclusivement à son travail pour lequel elle est passionnée et qui lui vaut d’être régulièrement en déplacement. Durant ses absences, Emma confie alors son fils à une nourrice qui prendra, elle, son rôle auprès de Bruno très à cœur, parfois aimant l’enfant bien plus que son propre fils. Alors qu’elle doit rejoindre Bruno et Dunja pour quelques jours de vacances dans une pension à Vesna, Emma découvre qu’ils ont disparu. Elle ne parvient pas à les contacter, à retrouver leur trace. L’inquiétude et la culpabilité deviennent de plus en plus fortes au fil de ses recherches; Emma réalise quelle mère elle fût jusqu’à présent.
Huit mois pour te perdre est l’histoire de deux mères et de toutes les difficultés rencontrées lorsque l’on est mère, lorsque l’on doit faire face à la maternité à des stades différents chez Emma et Dunja. La première ne parvient pas à accepter les changements dus à son nouveau statut et continue sa vie telle qu’elle l’a toujours fait malgré les dangers inhérents à son poste. Dès les premiers jours, Emma s’est senti dépassée par les pleurs de son enfant, la manière dont il domine sa vie malgré sa petite taille. La disparition de son fils va la bouleverser bien plus que ce à quoi elle s’attendait : elle se fustige d’avoir donné priorité à son travail, elle s’en veut énormément de l’avoir laissé à une autre personne qu’elle connaît à peine. La seconde, après avoir perdu l’un de ses fils assassiné, n’arrive pas à comprendre celui qui lui reste, Ratko. Dunja voit son fils se fermer, se droguer et devenir violent envers elle. Lorsqu’elle quitte sa maison pour s’occuper de Bruno, c’est son instinct maternel qui parle, qui voit en lui les enfants qu’elle n’a plus ou qu’elle aurait voulu. Elle s’attache à ce bébé comme si c’était le sien.
En parallèle, nous découvrons aussi l’histoire d’un pays : celui de la Croatie alors qu’elle va faire son entrée dans l’Union Européenne. L’ambiance qui y règne est difficile. Et j’avoue que ce n’est pas la partie du récit qui m’a le plus intéressée, même si, au vu des nombreuses données fournies par l’auteure, cet aspect est essentiel dans l’histoire. Non, ce qui m’a marqué, est le portrait de ces deux femmes en proie à leurs sentiments. Une lecture pleine de sensibilité.
★★★☆☆
Marie-Diane Meissirel, de nationalité franco-américaine, est née à Paris en 1978.
Après des études en France et à Hong Kong, elle a beaucoup voyagé et habité plusieurs années à Athènes. Elle a fait ses études en France (Sciences Po et HEC) et à Hong-Kong (Chinese University). Fascinée par l’Inde, elle part, en 1999, travailler en tant que volontaire dans une école pour enfants défavorisés en Andhra Pradesh. C’est à la suite de cette expérience qu’elle décide de donner une dimension sociale à sa carrière professionnelle et de poursuivre son exploration de nouveaux horizons. Elle a notamment créé en Croatie une association d’aide à l’enfance pour le compte de médias locaux.
Après des études en France et à Hong Kong, elle a beaucoup voyagé et habité plusieurs années à Athènes. Elle a fait ses études en France (Sciences Po et HEC) et à Hong-Kong (Chinese University). Fascinée par l’Inde, elle part, en 1999, travailler en tant que volontaire dans une école pour enfants défavorisés en Andhra Pradesh. C’est à la suite de cette expérience qu’elle décide de donner une dimension sociale à sa carrière professionnelle et de poursuivre son exploration de nouveaux horizons. Elle a notamment créé en Croatie une association d’aide à l’enfance pour le compte de médias locaux.
Il a l'air beau, je le garde dans un coin de ma tête :)
RépondreSupprimerBonjour à tous :) je vous retrouve aujourd'hui avec une nouvelle chronique, il s'agit cette fois de "Vive les vacances!" de Enid Blyton chez Hachette Livre :
RépondreSupprimer- http://tinkerbells-readings.skyrock.com/3279329758-Vive-les-vacances-de-Enid-Blyton-chez-Hachette.html
Bonne lecture,
Bisous,
Tinkerbell.
Il a l'air super et de retranscrire des témoignages réfléchis. Je vais le noter dans ma WL. Merci pour cette découverte !!!
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