"Se sacrifier ne lui sauverait pas la vie."
Alonso Hilda
232 pages
Éditions du Chat Noir (2016)
Collection griffe sombre
Extrait :Blessée en secourant une fée, Ménehould se voit soignée par Éponine, la rebouteuse du village. Quelques mois plus tard, la paysanne rétablie donne naissance à Deirdre, une étrange enfant, miracle pour certains, menace pour d’autres…
Sa précieuse fille assassinée, Ménehould bascule alors dans la folie, devenant un danger pour elle et les autres.
Pour l’aider à faire son deuil, Éponine entreprend avec elle un périple inattendu, une odyssée parsemée d’obstacles, de créatures fantastiques et de rencontres, qui bouleversera le cours même de la vie.
« Tanguy avait pris les rênes. Il passait dans leur maniement un excès d’émotions contradictoires qui l’embarrassait. Ce n’était pas tant la cruauté des accouplements dont il avait été témoin qui l’affectait mais la nature de ces mâles femelles. Leur monstruosité ne résidait pas dans l’amputation mas dans la démultiplication des possibles: elle poussait la vie au-delà de ses retranchements. »
Mon avis :
Dans son village, Ménehould n’est pas très appréciée : les rumeurs courent à son sujet sur une possible escapade de sa part qui lui vaudrait sa grossesse actuelle. Raillée, dénigrée, elle n’en garde pas moins la tête haute et continue à s’acharner au travail malgré son état. Elle est retrouvée blessée parmi les fougères par Eponine. Cette dernière, que tout le village redoute et nomme “La Chouette”, la soigne grâce à sa magie. En contrepartie, Ménehould devra lui laisser le choix du prénom de son enfant à venir. Des années plus tard, Deirdre, la fille de Ménehould, meurt dans des circonstances obscures. Bouleversée par cette perte, sa mère va peu à peu se laisser dépérir, enlaçant son enfant dans sa dernière demeure. Eponine est appelée sur les lieux, découvrant la vision qu’offre ces deux corps. Interpellée, elle décide de s’occuper d’elles, d’emmener les corps dans un sanctuaire particulier. Un long périple s’annonce alors où Eponine croisera la route de nombreux êtres surnaturels venant à son aide : fées, loups, elfes…
Ce dont rêvent les ombres est un récit fantastique assez atypique qui n’a pas su me convaincre. Et ce, pour plusieurs raisons. La mise en place de l’intrigue fut trop rapide à mon goût : nous n’avons que quelques pages, déstabilisantes, pour découvrir l’univers dressé par l’auteure. On est propulsé dans un monde sans filet de soutien, où les personnages apparaissent les uns après les autres sans forcément identifier le rôle qu’ils vont jouer dans la procession ou qui ils sont. Les descriptions sont nombreuses, mais toutefois un peu trop complexes et intellectualisées pour parvenir à dresser une image nette de l’univers où se déroule l’histoire. Je pense que l’ensemble aurait gagné en fluidité si les tournures avaient été moins alambiquées. Les sentiments des protagonistes m’en paraissaient que moins réels, moins palpables. Les dialogues sont, en outre, peu nombreux, ce qui alourdit le tout. Dommage car dans l’ensemble l’idée de départ de l’intrigue me plaisait bien : des femmes brisées, des pleureuses, qui ne sont plus que l’ombre d’elles-mêmes, en quête de quiétude.
★★☆☆☆
ENVOYER UN MOT DOUX