"Le cercle infernal était en train de se rétablir."
Cornaille Didier
349 pages
Éditions Presses de La Cité (2016)
Collection Terres de France
Extrait :Le roman de Clara, petite fille adoptée pendant la guerre.
Le roman de Clara, devenue femme, qui restera pour toujours la « Juive » au cœur de son village natal à l'apparence si tranquille.
Antoine, Parisien, est tombé sous le charme des collines et des forêts du Morvan. Un jour de promenade il découvre, choqué, une étoile de David taguée sur le portail d'une maison. La propriétaire des lieux, Clara, une vieille dame énergique et bienveillante, fait de lui son confident...
Pendant la guerre, Clara n'avait que cinq ans lorsque ses parents ont été arrêtés et déportés. Elle a été recueillie par des voisins qui ont été ses parents de substitution. Bien que devenue l'institutrice du pays, elle y est toujours restée «la Juive». Avec, en filigrane, toutes les interrogations qui taraudent Clara et son angoisse de voir se réveiller les vieux démons...
Pourquoi notamment la petite broche ayant appartenu à sa mère se
retrouve-t-elle, trente ans plus tard, épinglée sur le chemisier de l'une
de ses amies ? Ses parents auraient-ils été dénoncés ? Qui connaît la vérité dans le village ?
« A quel titre? De quel droit? Même si elle comprenait que tout, de son enfance, n’était pas dit, qu’il y aurait à y revenir. Peut-on vivre et surtout grandir en devant assumer d’être juive mais sans savoir ce que cela signifie? Peut-on vivre et surtout grandir en ressentant comme une injustice de ne pas savoir pourquoi on vit quand ses parents sont morts? Peut-on vivre et surtout grandir en étant tout à la fois si semblable aux autres enfants de son âge et si radicalement différente? C’était quoi, cette différence? C’était moins de devoir l’accepter qui pesait à Clara que de n’en connaître clairement ni la nature, ni les raisons. »
Avis de Nina :
Antoine et sa femme Catherine, parisiens vont souvent dans le Morvan rendre visite aux parents de cette dernière. Antoine est littéralement tombé amoureux du paysage et des lieux. Deux maisons attirent particulièrement son attention et l’intriguent fortement : dans la région, on appelle le coin où elles se situent le “Crot-du-Peu”. Sur l’une de ces maisons, il y a une énorme croix juive. Les villageois dénomment cette demeure comme la maison du diable ou encore discriminent l’habitante des lieux en la surnommant “la Juive”. Pendant quelques temps, cette histoire va le perturber. Puis un jour, alors qu’il vient d’être papa, il passe devant les deux maisons et découvre que l’une d’elles est à vendre. C’est alors qu’il y voit une occasion pour rencontrer les occupants des lieux. Ainsi, il rencontre Clara, institutrice de l’école du village surnommée “la Juive”.
Dans la deuxième partie, l’auteur nous renvoie dans le passé et nous fait découvrir l’enfance de Clara: comment elle a perdu ses parents, aux côtés de qui elle a grandi, comment elle est devenue institutrice et la femme qu’elle est..
Clara a perdu ses parents lorsqu’elle était petite: ses parents avaient reçu une convocation de la sous-préfecture pour leur carte de ravitaillement. Seulement, il s'agissait d'un piège et deux inspecteurs les attendaient à la sortie du bus. En revanche, il n’en ait pas dit plus sur les inspecteurs, je trouve cela dommage car nous ne savons pas quelle autorité ont arrêté ses parents, ni pourquoi. Clara et son fils Clément ont toujours pensé que ses parents avaient été dénoncés sans jamais pouvoir le prouver et depuis, elle n’a jamais revu ses parents. C’est alors qu’Amélie et Gaston, leurs voisins, l’ont recueillie et élevée. Plus grande, Clara va se faire une amie, Valérie, et autour de cette amie va résider un grand mystère étant donné que lors d’une soirée, et à d’autres reprises, Clara s’aperçoit que Valérie porte la broche de sa mère. Pourquoi la porte-t-elle? Comment l’a-t-elle eu? Elle cherche à comprendre mais n’en parle pas à Valérie jusqu’au fameux jour où, des années plus tard, sa tante le fera pour elle. D’une certaine façon, cela apporte du suspense à l’histoire.
J’ai beaucoup aimé cette lecture : Didier Cornaille a une plume magnifique et il a su à la perfection me transporter dans ce magnifique et terrible périple tout au long de ma découverte. Pardon, Clara est une histoire très touchante et Clara plus encore: on peut facilement ressentir ses émotions mais il est difficile de se mettre à sa place étant donné que les conditions de vie de l’époque n’étaient pas les mêmes qu’actuellement, même si au fil des pages j’ai pu assimiler beaucoup d’événements de la guerre d’Algérie et après à des événements actuels.
★★★★★
Observateur passionné du monde rural dont il est issu, Didier Cornaille lui a consacré sa carrière comme journaliste spécialisé puis romancier.
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