Aux petits mots les grands remèdes

"Je suis biblio-thérapeute. Je répare les gens, avec des livres."

Uras Michaël
350 pages
Éditions Préludes (2016)
Collection LGF

Alex a choisi d'exercer un métier peu commun : biblio-thérapeute.
Il tente de soulager les maux de ses patients grâce à la littérature. Parmi eux, Yann, un adolescent malmené à l'école, qui refuse de s'ouvrir au monde, le cynique Robert Chapman, étouffé par son travail, qui a oublié comment parler à sa femme et Anthony Polstra, le célèbre joueur de foot qui refuse de s'avouer certaines de ses passions.
Mais si Alex se montre doué dans sa profession, il doit bien reconnaître que sa vie privée laisse à désirer...
La littérature pourra-t-elle aider le biblio-thérapeute lui-même ?
La clef du bonheur se trouve-t-elle entre les lignes des ouvrages qu'il a tant aimés ?

Extrait :

« Entre deux reprises de souffle, j’essayai, malgré ses recommandations, d’interroger Mélanie sur sa vie depuis notre séparation. Il fallait parler fort pour qu’elle m’entende. Parler fort mais ne pas donner l’impression de crier, encore du théâtre. S’approcher de son oreille mais pas trop. »

Avis de Nina :

Alexandre est le biblio-thérapeute. Sa copine, Mélanie, l’a quittée parce qu’il passe trop de temps à lire et pour d’autres raisons également. Seulement depuis, il n’est plus tout à fait le même: il a perdu sa joie de vivre et cherche à la reconquérir. Michaël Uras, l’auteur, nous envoie en toute première page notamment sur la piste qu’Alex tente de séduire à nouveau Mélanie en s’auto-recommandant de lire Le journal du séducteur de Sören Kierkegaard. Ce qu’il ne fera jamais! Pourquoi nous dire ceci en tout début d’ouvrage, puisqu’il ne le fait finalement pas? Je n’ai pas vraiment compris ceci.

Au cours de la lecture, on découvre notamment trois de ses patients : Anthony, un célèbre joueur de foot; Yann, un adolescent handicapé suite à un accident et Robert, un vendeur de montres qui passe sa vie au travail. Il en est épuisé et fait un burn-out. Au fil des pages, nous découvrons la vie de ses patients qui se révélera courte pour l’un d’entre eux mais également et surtout la sienne, la vie d’Alex, les ouvrages qu’il leurs recommande ainsi que ses conseils. Anthony cherche un sens à sa vie. Yann cherche à conquérir le cœur d’une ancienne camarade et Robert cherche à prendre du temps pour lui et pour sa femme.

Aux petits mots les grands remèdes commence avec beaucoup d’humours : j’ai apprécié ce fait, cela à rajouter davantage de plaisir lors de cette lecture. Cependant, je suis plutôt déçue. Le résumé m’avait beaucoup attiré : je trouvais l’idée plutôt originale et intéressante, puis finalement je trouve que le scénario manque de profondeur.. Le concept est pas mal du tout mais l’histoire est un peu trop plate à mon goût et j’ai trouvé cela fort dommage. D’autant plus que c’est censé être axé sur la biblio-thérapie, donc la thérapie par les livres, et au final je trouve qu’il n’y a pas assez de passages avec ses patients et qu’il ne les a pas aidé tant que ça puisqu’au bout du compte sa méthode aura “fonctionné” seulement sur  un de ses trois patients.

Pour finir, le patient qui m’a le plus ému et touché est Yann, sûrement parce que c’est celui dont l’auteur nous dévoile le plus et peut-être aussi parce que de sa jeunesse découle une sorte d’innocence qui reste tout de même infime puisque son handicap l’a poussé à devenir plus responsable que les autres adolescents de son âge.

★★★☆☆

Michaël Uras est nouvelliste et romancier. Son père a fui la Sardaigne et sa misère pour s’installer en France. Il a grandi en Saône-et-Loire avant de suivre ses parents en Franche-Comté.