Wave

16 septembre 2014

" Comment suis-je censée faire sans eux ?"

Deraniyagala Sonali
288 pages
Éditions Kero (2014)
Collection Récit
Le matin du 26 décembre 2004, un tsunami frappe l’Océan indien. Sonali Deraniyagala, en vacances au Sri Lanka, son pays natal, en réchappe miraculeusement. Mais, de sa famille, elle est la seule. La vague lui a pris ses parents, son mari et ses deux petits garçons. Wave raconte l’histoire de ce jour, où elle a tout perdu, et de tous ceux qui ont suivi. Les mois, les années lorsque l’insupportable déchirement du souvenir succède aux premiers moments d’horreur. La matière de ce livre, c’est la peine impalpable, indescriptible de la narratrice. Sonali Deraniyagala réussit un récit poétique, sans concession et incroyablement digne sur comment survivre à l’inimaginable.
Extrait :

« Jamais je n'arrêterais de penser à mes garçons, de faire des choses pour eux. Et maintenant cela devrait cesser ? (…) Le tourment de les vouloir, de vouloir les voir et de les avoir quand leur souvenir surgissait aussi près. Bientôt je me tuerai. Mais d'ici là, comment panser mes plaies ?
Je dois cesser de les chérir. Mais comment ?
Je dois cesser de me souvenir. Je dois les garder dans un lieur lointain. Plus j'ai de mémoire, plus grande est ma souffrance. Ces pensées martelaient mon cerveau. J'ai arrêté de parler d'eux, j'ai cessé de prononcer leurs noms, j'ai effacé leurs histoires. »

Mon avis :

Un jour, un tsunami emporte tout sur son passage. Une vague qui s'abat sur plusieurs kilomètres et détruit tout. Sonali et sa famille se trouvent prises au piège des vagues, au cœur de la tourmente. Peu après, elle se réveille seule, désorientée et commence alors pour elle un long travail de deuil. Cela commence par l'acceptation : Sonali refuse pendant longtemps de voir la réalité. La rage de l'abandon, la colère, le désespoir puis viennent la résignation et le moment où les souvenirs ne font plus autant souffrir. Huit années durant lesquelles Sonali se perd. « Mon histoire est odieuse ». Ce n'est pas de la fiction mais la réalité. Ceci est le témoignage d'une mère, d'une fille, d'une épouse qui rend hommage à sa famille disparue. 
Un jour ensemble et le lendemain, seule. L'unique survivante du tsunami. On ne peut qu'être touché par ce récit. Ce n'est pas vraiment un livre qui cherche à nous faire pleurer sur son sort, à nous apitoyer sur ce qui est arrivé à la jeune femme. Il s'agit plutôt, de la manière dont c'est présenté, d'une thérapie. « Je suis un échec. Et j'agonise de leur manque ». 
L'histoire est lourde sentimentalement, bouleversante mais la plume de l'auteure est emprunte d'une certaine poésie qui permet de flotter entre la peine de cette femme face à la perte de l'ensemble de sa famille et la douceur des souvenirs qui resurgissent jour après jour. L'écriture est simple. À la lecture du résumé, il me semblait pourtant que j'aurais besoin de mouchoirs pour parvenir jusqu'à la fin de ce titre. Mais Sonali aborde ses souvenirs avec une certaine retenue qui tend à nous garder éloigné des larmes. C'est, d'une certaine façon, comme si elle voulait conserver une distance avec ses lecteurs pour qu'ils n'empiètent pas sur sa peine, qu'ils n'aient pas pitié d'elle. «  En les perdant, j'ai perdu ma dignité ». C'est une lecture touchante, qui ne laisse pas indifférent.

★★★★★
 






À propos de Sariah'Lit:

Stéphanie, férue de lecture et blogueuse depuis 2013. Elle ne passe pas une journée sans avoir un livre entre les mains pour s'évader.

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LES MOTS DOUX :

  1. Ton avis me tente énormément sur ce livre que je ne connaissais pas du tout !

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  2. Un roman absolument bouleversant, oui. Je suis d'accord avec ta chronique !

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  3. J'ai très envie de le lire, c'est un témoignage qui me tente beaucoup !

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  4. Je n'ai pas encore lu de témoignages donc je ne sais pas si ça me plairait.

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