" Comment suis-je censée faire sans eux ?"
Deraniyagala Sonali
288 pages
Éditions Kero (2014)
Collection Récit
Extrait :Le matin du 26 décembre 2004, un tsunami frappe l’Océan indien. Sonali Deraniyagala, en vacances au Sri Lanka, son pays natal, en réchappe miraculeusement. Mais, de sa famille, elle est la seule. La vague lui a pris ses parents, son mari et ses deux petits garçons. Wave raconte l’histoire de ce jour, où elle a tout perdu, et de tous ceux qui ont suivi. Les mois, les années lorsque l’insupportable déchirement du souvenir succède aux premiers moments d’horreur. La matière de ce livre, c’est la peine impalpable, indescriptible de la narratrice. Sonali Deraniyagala réussit un récit poétique, sans concession et incroyablement digne sur comment survivre à l’inimaginable.
« Jamais je n'arrêterais de penser à mes garçons, de faire des choses pour eux. Et maintenant cela devrait cesser ? (…) Le tourment de les vouloir, de vouloir les voir et de les avoir quand leur souvenir surgissait aussi près. Bientôt je me tuerai. Mais d'ici là, comment panser mes plaies ?
Je dois cesser de les chérir. Mais comment ?
Je dois cesser de me souvenir. Je dois les garder dans un lieur lointain. Plus j'ai de mémoire, plus grande est ma souffrance. Ces pensées martelaient mon cerveau. J'ai arrêté de parler d'eux, j'ai cessé de prononcer leurs noms, j'ai effacé leurs histoires. »
Je dois cesser de les chérir. Mais comment ?
Je dois cesser de me souvenir. Je dois les garder dans un lieur lointain. Plus j'ai de mémoire, plus grande est ma souffrance. Ces pensées martelaient mon cerveau. J'ai arrêté de parler d'eux, j'ai cessé de prononcer leurs noms, j'ai effacé leurs histoires. »
Mon avis :
Un jour, un tsunami
emporte tout sur son passage. Une vague qui s'abat sur plusieurs
kilomètres et détruit tout. Sonali et sa famille se trouvent prises
au piège des vagues, au cœur de la tourmente. Peu après, elle se
réveille seule, désorientée et commence alors pour elle un long
travail de deuil. Cela commence par l'acceptation : Sonali
refuse pendant longtemps de voir la réalité. La rage de l'abandon,
la colère, le désespoir puis viennent la résignation et le moment
où les souvenirs ne font plus autant souffrir. Huit années durant
lesquelles Sonali se perd. « Mon histoire est odieuse ».
Ce n'est pas de la fiction mais la réalité. Ceci est le témoignage
d'une mère, d'une fille, d'une épouse qui rend hommage à sa
famille disparue.
Un jour ensemble et le
lendemain, seule. L'unique survivante du tsunami. On ne peut qu'être
touché par ce récit. Ce n'est pas vraiment un livre qui cherche à
nous faire pleurer sur son sort, à nous apitoyer sur ce qui est
arrivé à la jeune femme. Il s'agit plutôt, de la manière dont
c'est présenté, d'une thérapie. « Je suis un échec. Et
j'agonise de leur manque ».
L'histoire est lourde
sentimentalement, bouleversante mais la plume de l'auteure est
emprunte d'une certaine poésie qui permet de flotter entre la peine
de cette femme face à la perte de l'ensemble de sa famille et la
douceur des souvenirs qui resurgissent jour après jour. L'écriture
est simple. À la lecture
du résumé, il me semblait pourtant que j'aurais besoin de mouchoirs
pour parvenir jusqu'à la fin de ce titre. Mais Sonali aborde ses
souvenirs avec une certaine retenue qui tend à nous garder éloigné
des larmes. C'est, d'une certaine façon, comme si elle voulait
conserver une distance avec ses lecteurs pour qu'ils n'empiètent pas
sur sa peine, qu'ils n'aient pas pitié d'elle. « En les
perdant, j'ai perdu ma dignité ». C'est une lecture
touchante, qui ne laisse pas indifférent.
★★★★★
Ton avis me tente énormément sur ce livre que je ne connaissais pas du tout !
RépondreSupprimerUn roman absolument bouleversant, oui. Je suis d'accord avec ta chronique !
RépondreSupprimerJ'ai très envie de le lire, c'est un témoignage qui me tente beaucoup !
RépondreSupprimerJe n'ai pas encore lu de témoignages donc je ne sais pas si ça me plairait.
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